Conformément à son projet originel (2006), l’unité veille à maintenir dans son périmètre disciplinaire les domaines et objets de recherche qui fondent son identité plurielle en information, communication et culture.

Les axes du laboratoire sont conservés à l’identique du précédent contrat, en ce qu’ils constituent la « structure » du laboratoire et contribuent, de fait, à sa stabilité. Toutefois, les projets, programmes et productions scientifiques doivent être lus relativement à la période considérée (2018-2024). Nous proposons donc ici une grille de lecture thématique relative, notamment, aux mutations sociales ou sociétales et aux pratiques afférentes, lesquelles inspirent particulièrement les recherches du Gériico.


Ces thématiques, dont le portfolio de l’unité contribuera à rendre compte, ont émergé ou se sont renforcées ces dernières années. Elles sont servies par des épistémologies et méthodologies distinctes, mais les problématisations croisées trouvent écho dans de nombreux appels à projets auxquels l’unité apportent des réponses collectives, cette collégialité étant confirmée par la programmation concertée des séminaires de spécialité, colloques et journées d’études.

Objets de recherche

L’unité revendique une participation active à la politique de Science Ouverte de l’université qui peut compter sur son réseau national et international, ses programmes scientifiques et séminaires de données de la recherche que plusieurs membres de l’unité ont conçus et animent sous l’égide de l’école doctorale SHS. Le développement et l’usage des systèmes d’information sur la recherche (Current Research Information Systems) ont fait l’objet de nombreux travaux et publications au niveau international, qui s’inscrivent dans le cadre de l’analyse des mutations du secteur de l’information et de la communication scientifique au cours des 30 dernières années et des dynamiques de « plateformisation » que l’on peut y observer (passage au numérique, réseaux et médias sociaux, données, science ouverte, cloud des infrastructures…).

Les études portent plus précisément sur les entrepôts de données, les plateformes de revues, les archives ouvertes, les infrastructures de recherche ou encore les dispositifs de thèses et autres types de littérature grise. D'une manière ou d'une autre, ces études essaient de faire le lien entre les systèmes, leurs services et fonctionnalités et les usages et pratiques (usages de la plateforme HAL par les laboratoires, usages des dispositifs de la science ouvertes dans différents domaines (bioéconomie, culture ou encore recherche et développement) ; ouvrage Partage et valorisation des données de la recherche : développement, tendances et modèles (paru également en anglais), Le laboratoire est membre de plusieurs réseaux de recherche internationaux (Networked Digital Library of Theses and Dissertations (NDLTD), euroCRIS, GreyNet International) et nationaux (notamment le GIS des Unités Régionales de Formation à l'Information Scientifique et Technique –URFIST–).

Outre ces travaux, des membres de Gériico ont conçu en 2015 avec l’école doctorale SHS un séminaire de formation doctorale sur les données de la recherche (formation validée par l’ED SHS ULille), et ils forment depuis tous les ans des doctorants à la gestion des données de recherche en proposant une approche scientifique et disciplinaire, dans une démarche de bottom-up à partir de leurs propres données de recherche et sur la base du modèle structuré du plan de gestion fourni par Science Europe sur la plateforme DMP- OPIDoR du CNRS. Cette expertise scientifique sur cette thématique est également mise à profit dans la valorisation des travaux du laboratoire, tout d’abord sur la mise à jour et la gestion de la collection HAL Gériico, puis tout récemment sur le dépôt et la mise en valeurs de données de recherche sur la plateforme nationale Recherche Data Gouv.

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Dans la continuité des travaux menés au sein de l’unité en Sciences de l’information et de la communication dans le domaine de l’Information Scientifique et Technique et de la recherche, les contributions des chercheurs de l’unité dans le domaine de la science ouverte proposent des méthodes combinant régulièrement plusieurs approches, à savoir l’identification des laboratoires/chercheurs/éditeurs/comités de revues représentatifs de l’étude à mener, la constitution de corpus à partir de l’échantillon des acteurs identifiés, une analyse scientométrique et textuelle des contenus de ces corpus (documents, données) ainsi qu’une enquête auprès d’un échantillon d’acteurs sur la gestion et le développement des corpus analysés (publications HAL, données de recherche, etc.).

Pour certaines études, des entretiens semi-directifs sont menés en complément avec les acteurs pour mieux comprendre leurs pratiques en lien avec la science ouverte. Les connaissances et compétences acquises dans le cadre des différents travaux recherche a abouti à la création d’un cycle de séminaires de formation doctorale. Au cours du contrat 2018-2023, nombre de questionnements partagés collectivement sur la méthodologie et ses implications concrètes ainsi que sur les pratiques de la science ouverte dans le cadre des activités de recherche ont donné lieu à de nombreux événements scientifiques sur l’ouverture des données scientifiques, notamment les journées d’études « Valorisation sur HAL de la production des laboratoires dans l’environnement de la science ouverte » en 2021, « Plateformes du patrimoine : vers l’ouverture des données » en 2022, « Quelle ouverture pour les données publiques ? » en 2022 puis en 2023 ou encore « Politiques d’ouverture de la science en France : Le terrain des laboratoires de recherche » en 2023.

 

Objets de recherche

Les travaux se déclinent ici en quatre grandes préoccupations d’analyse. Il s’agit, pour certains membres du laboratoire, de s’intéresser au rapport entre communication, médias et politique. Les recherches menées en ce sens portent sur : l’analyse des discours politiques et institutionnels, notamment les discours populistes en tant qu’ils construisent un récit national (identité, frontières, construction de représentations) et qu’ils permettent d’analyser les enjeux d’un positionnement politique et géopolitique ; l’analyse du/de la politique et de leurs mutations appréhendées notamment à partir de la matérialité numérique du politique et des processus de médiatisation des organisations partisanes ainsi que de la communication politique ; l’étude des contre-discours et des stratégies de contre-information face aux discours politique et institutionnel ; l’analyse de la relation entre participation, politique et communication, ou encore sur les enjeux de l’esthétisation du politique entre théologie politique et société de contrôle.

Dans le prolongement de celle-ci, certaines recherches se tournent vers l’analyse des productions médiatiques et visuelles des altérités noires en France, depuis la déclinaison française du mouvement Black Lives Matter (à partir de 2016).
D’autres recherches sont spécifiquement centrées sur la médiatisation du sport et la responsabilité sociale des journalistes de sport. Il s’agit ainsi d’envisager le sport sous l’angle des débats et des controverses qu’il suscite dans l’espace public et, de là, sous celui de son lien avec le politique étant entendu qu’il s’inscrit dans des rapports sociaux en étant au service d’une certaine ingénierie sociale. Avec ce souci également d’étudier les enjeux politiques des processus de médiatisation, d’autres recherches portent sur la médiatisation/publicisation et la construction des problèmes publics autour des violences sexistes et sexuelles, et questionnent ce faisant la responsabilité des journalistes en la matière (notamment pour respecter la parole des victimes).

Un autre volet de ces recherches a trait à la problématique de la construction du genre et à la pédagogie médiatique et artistique de l’intime, qu’elle soit explicite ou implicite, à travers l’étude des dispositifs culturels et médiatiques : comment mettre en place des pédagogies qui réactivent le moins possible les rapports de domination, notamment liés à l'âge et à la classe sociale ? Ce faisant, c’est le rapport entre éducation (ici à la sexualité) et culture/médias qui est questionné. Parallèlement, des travaux, enfin, s’intéressent aux dispositifs numériques et aux nouvelles pratiques médiatiques et culturelles en portant la focale sur l’espace public numérique et ses mutations, plus précisément en étudiant, à partir du cas de la circulation des discours entre la manosphère et l’extrême droite, la diffusion de l’information sur les réseaux socio-numériques sous le prisme des « chambres d’écho » et de l’analyse des réseaux.

Les principaux résultats des travaux menés dans le cadre de cette thématique ont trait notamment au fonctionnement de la démocratie et aux mutations du/de la politique, que les recherches concernent le domaine politique et institutionnel proprement dit ou celui des dispositifs et des pratiques culturelles et médiatiques.

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Nombre de travaux reposent sur la constitution et l’analyse de corpus, que ceux-ci concernent les productions de presse, les productions télévisuelles ou encore, et de plus en plus aujourd’hui, les contenus propres aux réseaux socio numériques. De manière plus spécifique, certain.es membres du laboratoire engagent leur recherche sur la base de la constitution de corpus de discours institutionnels, qu’ils concernent les instances étatiques, les acteurs politiques, les collectivités territoriales, les milieux culturels ou les acteurs associatifs notamment en mobilisant couramment les méthodes de l’analyse de discours. Au cours du quinquennal actuel, nombre de questionnements partagés collectivement sur la méthodologie et ses implications concrètes ainsi que sur les manières de faire de la recherche ont donné lieu à des échanges à l’occasion de séances de séminaires ou de journées d’étude. Ce sont ainsi, par exemple, des questions relatives aux modalités de constitution de corpus (taille, critères, variables,…), au recours (ou pas) à des logiciels d’analyse textuelle (comme « techniques intellectuelles » assistées par ordinateur), à l’analyse des traces discursives des interactions, à la question du contexte, mais aussi aux modalités de traitement à la main, aux tâtonnements, au défrichage et au comptage (occurrences, visibilité, intensité), ou encore la question de la distinction « archives » / « corpus » qui ont été débattues.

Objets de recherche

La santé est une thématique transversale aux différents axes du laboratoire qui l’abordent tant au prisme de l’analyse des discours médiatiques et/ou médiatisés, des écrits professionnels, de la conception et de l’usage des dispositifs numériques, de la construction et de la circulation des savoirs en santé.

Au cours des cinq dernières années, de nombreux projets de recherche ont été déposés et conduits sur l’information et la communication en matière d’alimentation. Ces travaux analysent les processus de conception, de diffusion et d'appropriation d'un large éventail de dispositifs d'information, de communication et d'éducation : campagnes de sensibilisation, directives nutritionnelles, artefacts imprimés tels qu'affiches, manuels scolaires, documents audiovisuels, applications mobiles, projets scolaires, et d'autres ressources d'information. Les recherches sont particulièrement sensibles aux rôles assumés par les nouveaux intermédiaires dans l'interprétation, le relais et l'adaptation des connaissances sur l'alimentation et la nutrition. Cette thématique émergente et convergente a donné lieu à 6 contrats de recherche, à l’organisation de colloques, séminaires et workshops internationaux, à la direction de revues et de thèses et même à la création d’un Diplôme Universitaire (DU).

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Les recherches sur l'information et la communication concernant l'alimentation et la nutrition santé postulent que la circulation des savoirs comme un phénomène intrinsèquement communicationnel nécessitant toujours des médias et des médiateurs. L'analyse des dynamiques de circulation des savoirs sur l'alimentation et la nutrition santé aide à révéler comment différents acteurs sociaux cherchent à soutenir leurs propres intérêts et à imposer certaines visions du corps et de la santé aux citoyen.ne.s et aux politiques publiques. Dans ce cadre, l'étude des enjeux info-communicationnels de l'alimentation et de la nutrition santé implique d'analyser la façon dont ces savoirs sont conçus, formulés, interprétés, reformulés, appropriés, acceptés ou contestés par différents publics dans des contextes culturels et des environnement sociaux spécifiques. Diverses méthodologies qualitatives enracinées dans les sciences de l'information et de la communication sont
utilisées. Des corpus médiatiques sont examinés selon une approche sémio-communicationnelle ou à travers des méthodes d'analyse de discours. En parallèle, des méthodes qualitatives de la recherche en sciences sociales sont également mobilisées, telles que les entretiens semi-directifs individuels et de groupe, ainsi que des observations participantes.

Objets de recherche

Dans le prolongement de travaux menés de longue date au sein du laboratoire, des recherches portent sur la construction des identités et des imaginaires territoriaux et de là, pour certaines d’entre elles, sur l’analyse de l’image des territoires (projet ImanNOW). Ainsi, en étudiant la production d’information dans les médias nationaux, et en mobilisant particulièrement les catégories de classe, genre et race, des recherches se sont intéressées à la manière dont ces médias produisent un métarécit national et participent d’un processus de construction de l’altérité. Il s’est agi aussi d’étudier les phénomènes de production des imaginaires et représentations des territoires du nord de la France et de la Wallonie belge, une recherche collective portant entre autres sur la construction de l’altérité, mais aussi sur la problématique de la frontière.


Tout en poursuivant l’exploration du rapport médias/territoires, et en considérant que le territoire est aussi et surtout une affaire de communication, d’autres recherches reposent sur l’importance de considérer la problématique des « imaginaires territoriaux ». Il s’est agi, par exemple, d’analyser le processus de stigmatisation (médiatique) d’une ville (le cas de la ville de Roubaix à partir de la question de l’islam radical en France). Un travail engagé plus récemment vise à explorer, à partir de l’analyse du discours médiatique et du discours institutionnel, comment le territoire du Bassin minier est présenté et identifié comme tenant d’une histoire propre à un espace géographique circonscrit et à un patrimoine spécifique tout autant qu’il est situé comme territoire en tension entre vulnérabilité et transition (projet Terrequavul). Le territoire du Bassin minier a également fait l’objet du projet ANR Mémomines, lequel s’est attaché à en valoriser le patrimoine culturel et linguistique. D’autres recherches ont concerné la question de l’image des territoires à partir de la problématique du traitement médiatique des risques naturels.

Prenant également appui sur des travaux engagés depuis une dizaine d’années, d’autres recherches, menées dans des camps auprès de personnes en situation d’exil, se sont attachées à explorer la question de la frontière et celle de l’exil à partir de la problématique du refuge et de l’hospitalité. À travers ces deux notions, il s’est agi de s’interroger sur l’habitabilité des territoires, sur la qualité des espaces publics, sur leur ouverture (ou pas) à la diversité des présences. Dans le même temps, il s’est agi d’étudier la présence de la violence dans les territoires et la manière dont elle est évoquée (projet Love Leave). Si ces recherches ont conduit à analyser les relations entre médiacultures et territoire depuis les situations de frontière et de mobilité transnationale, une question a aussi particulièrement guidé la réflexion : que peut la musique dans les situations de violence politique ?

D’autres travaux sont centrés sur l’analyse de la mobilisation collective et territoriale d’acteurs pour l’accompagnement à la structuration de politiques publiques territorialisées, notamment dans le champ de l’action sociale et de la jeunesse (projet PIA Jeunesse), ainsi que dans la santé (programme Addicto). Certains chercheurs de l’unité proposent des approches pour améliorer l’accès à des connaissances géographiques présentes dans des corpus hétérogènes volumineux. Nous pouvons notamment citer le projet Atlantis visant à améliorer l’accès aux ouvrages produits et publiés par le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) qui donnent aux navigateurs les informations nécessaires pour naviguer près des côtes et accéder aux ports ; ou encore TERR-ISTEX proposant un environnement permettant l’analyse de l’évolution des fronts de recherche en relation avec des territoires d’études ciblés. Enfin, Gériico est membre du comité de direction de la fédération de recherche du Collège International des Sciences Territoriales (CIST).

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Concernant les travaux sur l’analyse de l’image des territoires, et des imaginaires territorialisés, les chercheurs impliqués mobilisent une approche qualitative, et pour une partie d’entre eux quantitative, d’analyse du discours médiatique et du discours institutionnel dans les médias (presse et télévisés) nationaux, régionaux et locaux. Les chercheurs travaillant auprès de personnes en situation d’exil mobilisent principalement des enquêtes de terrain, et la mise en place d’ateliers participatifs et de temps d’échanges pour analyser notamment ce que peut la musique dans des situations difficiles.
Dans le but de décrypter la mobilisation collective et territoriale des acteurs, les chercheurs impliqués s’appuient des travaux portant sur l’analyse de réseaux, qui connaît un essor important ces dernières années. Aussi ces recherches s’appuient sur le paradigme de la Social Network Analysis (réseaux sociaux) et l’analyse des réseaux techniques en géographie, qui sont valués et spatialement contraints. Les chercheurs qui travaillent à l’extraction et la modélisation de connaissances territorialisées dans des corpus textuels volumineux (thèses et publications scientifiques, ou encore les instructions nautiques) proposent une approche combinant des méthodes d’intelligence artificielle générative à des méthodes ethnographiques (entretiens et focus groupe) pour corriger et affiner les résultats des méthodes quantitatives.

Objets de recherche

L’éthique est une question régulièrement mobilisée dans les pratiques professionnelles et activités liées à l’information-communication, comme aussi dans les débats qui traversent l’espace public, dans la gestion des données d’usage du web, dans le traitement de l’information, dans l’organisation des connaissances et leur partage. En ce domaine, l'expérience a montré que les auteur.e.s traitent principalement de l'impact des TIC et de l'internet sur les flux d'information et que seules quelques études sont consacrées aux dimensions culturelles, sociales et linguistiques de l'éthique. Au sein de l’unité, les travaux de recherche abordent l’éthique de l’information en considérant cette thématique comme consubstantielle aux activités de recherche sur l'organisation de l’information et des connaissances. En archivistique, par exemple, les dilemmes éthiques portent principalement sur deux questions : la protection de la vie privée et l'accès à l'information. S’agissant de science ouverte, la politique d’ouverture s’accompagne d’une forte incitation à mettre en œuvre de bonnes pratiques scientifiques compatibles avec plusieurs principes définis au niveau européen, à l’instar des « FAIR Guiding Principles » de la gestion et du pilotage des données de la recherche. Sur ce sujet, plusieurs chercheur.e.s de l’unité interrogent la dimension éthique d’une gestion « FAIR » des données de la recherche en analysant, notamment, la place de l’éthique dans les plans de gestion, les données personnelles, la crédibilité ou encore la sécurité des données.

Des travaux ont également porté sur l'analyse de la dimension éthique des systèmes d’information consacrés à l’évaluation de la recherche (SI recherche). On relèvera que l’articulation entre l’approche critique de l’organisation des connaissances et l’éthique de cette organisation a donné lieu à la constitution d’un réseau thématique international fondé en juin 2021, puis à l'organisation de deux journées d'études internationales en 2021 et 2022 et de la quatrième conférence internationale en juin 2023. Cet évènement s’inscrit dans une tradition perpétuée par la School of Information Studies de l'Université du Wisconsin à Milwaukee, le Knowledge Organization Research Group qui avait organisé les trois premières éditions en 2009, 2012 et 2015, se veut comme une dynamisation d’une thématique portée par la société savante ISKO et par les universités membres fondateurs du Réseau thématique. Ce réseau est actuellement constitué des universités suivantes : université de Lille (CIREL et Gériico) ; Université Polytechnique Hauts-de-France ; Université de Lausanne, Suisse ; Université du Kent, Royaume Uni ; Université Carlos III de Madrid, Espagne ; Université de Léon, Espagne ; Université de Varsovie, Pologne ; Université de Bar-Ilan, Israël ; Fluminense University of Brazil, Brésil ; University of Brasilia, Brésil ; University –UNESP, at Marilia, Brazil ; Linnaeus University, Suède. À noter également que les actes
de la conférence furent publiés dans deux numéros du Volume 50 : KO Volume 50 (2023) Issue 6 et KO Volume 50 (2023) Issue 5 de la revue Knowledge Organization, ainsi que dans la revue Communication, technologies et développement.

D’autres travaux, plus orientés sur un versant communicationnel de l’éthique, l’abordent — au prisme des sciences humaines et sociales — par l'analyse des politiques publiques et leurs discours d’escorte, relativement aux enjeux éthiques dans l'éducation aux médias, la recherche, la santé ou encore la laïcité.

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

En sciences de l’information, l'éthique est héritière de la philosophie de l'information, un domaine qui étudie la nature conceptuelle et les principes de base de l'information, y compris dans ses conséquences éthiques (Floridi, 2011). Avec son concept d’ « infosphère ou éthique télématique », Floridi a mis en relation les êtres humains, l'information, les technologies de l'information, la société et les intérêts des personnes d'un point de vue éthique. Contrairement au modèle classique, « l'éthique télématique » traverse toute l’« infosphère » et s’intéresse particulièrement aux biais par lesquels tous les systèmes, numériques ou non, organisent l'information en réponse à des utilisateurs. On songe ici à la bibliothèque, au moteur de recherche ou à tout autre système informatique de traitement, d’analyse ou de stockage de l’information. Au demeurant, l’éthique de l'organisation des connaissances est considérée en tant que processus intimement lié à la langue et aux cultures. De nombreux mouvements ont renforcé ces approches critiques : postmodernisme, études de genre, épistémologies du social et de la violence. Le postmodernisme a notamment mis l'accent sur la relativité des manifestations des connaissances et du savoir, le savoir n'étant plus considéré comme un produit exclusif de la culture occidentale.

Dans une acception plus communicationnelle de l’éthique, les chercheurs de l’unité œuvrent à l’analyse des communications publiques et des politiques qu’elles servent ou inspirent, mais aussi — et peut-être surtout – aux questions éthiques soulevées dans et par l'espace public. Les méthodes mobilisées combinent celles classiquement utilisées en sciences sociales (enquêtes et étude de cas) et les traitements automatisés suivants : traitement automatisé des textes (fouille de textes, extraction automatique de connaissances, lexicométrie, annotations sémantiques), numérisation et traitement quantitatif des archives médicales (projet ClassMed), knowledge maps, méthodes de visualisation, méthodes d’évaluation des systèmes d’organisation des connaissances (SOC) et mapping des SOC. Les chercheurs questionnant la dimension éthique dans les données de la recherche proposent une méthode alliant l’approche quantitative d’analyse textuelle de publications et de jeux de données à une approche ethnographique basée principalement sur des enquêtes.
La formation elle-même, adossée à la recherche, intègre volontiers ces analyses pour questionner et instruire la professionnalisation de celles et ceux qui font métiers d’informer et de communiquer.

 

Objets de recherche

Plusieurs membres du laboratoire appréhendent la question des médias et des productions culturelles sous le prisme de l’analyse de l’image / des images. Il s’agit ainsi d’étudier, à partir d’une approche sémio-pragmatique, les représentations que véhiculent les productions culturelles contemporaines, qu’elles relèvent des séries télévisées ou de la création filmique, ou, à partir d’une phénoménologie des images, la relation entre image et spectateur en situation d’immersion/de réalité virtuelle (projet Digital sytems for Human K). D’autres collègues, envisageant l’étude des objets médiatiques et culturels à partir des pratiques auxquelles ils donnent lieu, vont privilégier, sur la base d’une démarche ethnographique, une approche en termes d’« expérience publique », d’expérience du corps, d’expérience située. Les recherches portent ainsi tant sur des formes de vie quotidienne tenant de la présence de la musique dans l’espace public que sur la dynamique de transformation des interactions entre des publics en situation de handicap dotés d’un nouvel équipement technologique et leur environnement (projets Subpac et musimitex). Il s’agit ainsi d’étudier comment des publics font usage de nouveaux dispositifs numériques qui affectent l’expérience publique de la musique, que ce soit dans des espaces publics urbains (cas de la visibilité/publicité du rap) ou dans des camps pour des personnes en situation d’exil ou, à partir d’autres terrains, comment des publics s’emparent d’artefacts interactifs qui transforment l’expérience de la visite muséale.

À partir d’une entrée par l’étude des pratiques d’écoute musicale des publics en situation de handicap, c’est la problématique de l’inclusion qui donne lieu à investigation, une problématique également explorée à travers l’étude des dispositifs de médiation dans les musées, les bibliothèques et les structures culturelles de manière plus générale. De manière plus spécifique, d’autres recherches ont porté sur des dispositifs de participation dans la création culturelle (projets Atlas of Transition et Lettre(s) à soi).

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

De manière tout aussi spécifique, des membres étudient les productions audiovisuelles, qu’elles soient télévisuelles ou diffusées sur support numérique, en convoquant les ressources méthodologiques de l’analyse sémio-pragmatique et de la théorie des études visuelles. On soulignera à ce sujet le caractère interdisciplinaire de ces études : sémiotique, sociologie, approche philosophique et phénoménologique, analyse des dispositifs, etc. Dans d’autres travaux, l’exploration de type ethnographique est largement privilégiée. Pour nombre de collègues, il s’agit d’aller sur le terrain et/ou d’aller à la rencontre du terrain, pour explorer, en situation, les phénomènes sociaux étudiés, pour observer, de visu, les pratiques médiatiques et culturelles en train de se faire, pour entendre, par la pratique d’écoute, les expressions individuelles et collectives des personnes et des groupes en réunion, ou pour enquêter, lors d’entretiens semi-directifs, auprès de personnes et d’acteurs impliqués et/ou concernés par ces phénomènes. Certain.e.s entretiennent aussi un tel rapport au terrain en procédant à des enquêtes ethnographiques en ligne. Ces questionnements sur le rapport au terrain et la dimension éthique qu’il appelle ont fait débat dans la conduite des projets de recherche, comme aussi dans le cadre des séminaires et journées d’études. Il s’est agi d’interroger les manières d’entrer en relation lors d’enquêtes de terrain et d’envisager le partage des savoirs avec les terrains enquêtés. Ce faisant, c’est toute une réflexion sur l’expérimentation méthodologique et sur la réflexivité concernant les pratiques de recherche dans leur rapport au terrain qui a été engagée. 

 

Objets de recherche

Plusieurs membres du laboratoire poursuivent leur exploration des processus de médiation et de valorisation des savoirs en relation avec les domaines d’étude des patrimoines et de la patrimonialisation. Ils et elles s’intéressent également aux enjeux de la médiation des savoirs scientifique en contexte numérique. Il s’agit d’interroger les liens entre numérisation, médiation et savoirs patrimoniaux et scientifiques en examinant l’évolution des pratiques et situations de médiation, mais aussi les statuts et valeurs documentaires et socio-culturels des savoirs numérisés. Ils analysent ainsi (1) les processus de circulation documentaire lié à la numérisation des collections d’objets patrimoniaux (affiches publicitaires, documentaire d’auteur, objets muséaux) et à l’informatisation des traces mémorielles. 

Plusieurs thèses s’inscrivent dans ces problématiques, tout comme le projet ethesaurus sur la numérisation 3D d’objets religieux, le projet Crobora sur la circulation des archives l’INA, ou encore l’ANR Mémo-Mines qui s’est intéressé à la conservation et mise à disposition des traces de la mémoire du bassin minier sous une forme numérique en réalisant des ressources terminologiques et en interrogeant le processus social de construction de la mémoire. Certains travaux contiennent une part de connaissances sur la construction de modèles de description d’information (ontologie du patrimoine minier dans l’ANR Mémo-Mines, de la musique dans l’ANR Doremus, thésaurus des procédés filmiques dans le projet Algodoc, base de connaissances hydrographiques dans Atlantis) à des fins de documentation, de préservation et de mise en visibilité du patrimoine et de la culture, avec une attention particulière à la diversité des langues. Les problématiques en lien avec la gestion des donnés patrimoniales (ouverture des données, accès et traitement à partir des technologies du web sémantique, visualisation) sont travaillées dans la mesure où elles interrogent les méthodes et processus de diffusion, de médiation et de valorisation des savoirs dans différents types de dispositifs. Ces travaux construisent une complémentarité entre des compétences informatiques, linguistiques, informationnelles et communicationnelles pour intégrer la dimension sociale des pratiques dans des infrastructures informationnelles et numériques.

Les chercheurs analysent également (2) les problématiques soulevées par la matérialisation d’artefacts et la visualisation des savoirs numérisés, qu’ils soient scientifiques ou patrimoniaux. Ils se sont en effet intéressés à la constitution, à la visualisation et à la médiation de corpus d’archives numériques textuels et/ou audiovisuelles dans divers contextes d’usage, qu’elles concernent l’INA comme la BnF. Ils et elles ont interrogé la matérialité numérique portée par la redocumentarisation des objets, notamment dans le domaine musical.

D’autres travaux sont centrés sur l’analyse de la culture informationnelle et son évolution dans une perspective pré-numérique et numérique. L’étude de la constitution et de l’utilisation des nouvelles archives, telles que les archives du Web initiée dans le cadre du projet ResPaDon ou du Lab INA, mais aussi les enjeux de l’interopérabilité sémantique et culturelle (avec une attention particulière à la diversité des langues à travers notamment le projet Rosetta qui mobilise des algorithmes d’intelligence artificielle) et la réflexion théorique sur le terreau épistémologique commun entre les Humanités numériques et les Sciences de l’Information sont autant de sujets abordés dans le cadre de travaux scientifiques de ces cinq dernières années. Nous pouvons citer ici le projet H2020 FairMuse qui propose notamment un modèle d'accord de partage de données musicales améliorant la transparence concernant les pratiques de l'industrie musicale et la normalisation de la collecte de données. D’autres projets en collaboration avec le Canada sur les éditions critiques en contexte numérique sont consacrés à l’étude de l’impact des technologies numériques sur la production de connaissances dans les sciences humaines.

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Sur cette thématique, les approches diffèrent en fonction des contextes. La construction des modèles de description de domaines, activités ou métiers sont réalisés semi automatiquement en laissant une part importante à la connaissance des experts à travers des entretiens semi-directifs et des tests d’évaluation. L’analyse et l’extraction d’information pertinente à partir de corpus textuels ou de données diverses est en général réalisée en appliquant des algorithmes d’intelligence artificielle et, dans certains cas, des algorithmes avancés d’IA générative. Ici, les approches automatique et/ou semi-automatique corpus sont ici privilégiées. Dans d’autres cas, comme dans l’étude de la constitution et l’utilisation des nouvelles archives du Web, des approches de type ethnographique leur sont préférées. Ces travaux construisent une complémentarité entre des compétences informatiques, linguistiques, informationnelles et communicationnelles pour intégrer la dimension sociale des pratiques dans des infrastructures informationnelles et numériques. Cette possibilité de combiner des approches quantitatives et qualitatives sur cette thématique « patrimoine et numérique » est une force pour l’unité, et cela se traduit notamment dans ses productions.

Objets de recherche

Au sein du laboratoire, l’éducation à l’information constitue depuis plusieurs années un champ de recherche important. Les deux derniers contrats avaient déjà permis de conduire cette réflexion, située au croisement des processus d’acculturation à l’information et des pratiques d’apprentissage et d’appropriation des savoirs info-documentaires. L’une des orientations questionne et analyse l’incidence du numérique sur l’intégration et l’acceptabilité sociale des dispositifs innovants dans divers contextes (professionnels, culturels, éducatifs) (projets LEN, Inser-Num, NumPJJ, Cub’Édito, Togo-InfoNum, Scratch, SkillPass). Une autre orientation de ces travaux, distinctement ou conjointement menés en éducation à l’information et en éducation aux médias, a enrichi la connaissance des politiques publiques, des représentations qui les sous-tendent, des objectifs qu’elles visent dans différents contextes (dans et hors l’institution scolaire) (projets PIA Jeunesse, InfoJeunes), de la manière dont elles sont mises en œuvre sur le terrain, spécialement pour ce qui concerne les enjeux touchant à la « fabrique du citoyen ». Enfin, l’une des caractéristiques transversales du champ de recherche développé au Gériico sur le thème de l’EMI est d’avoir porté l’analyse sur l’élaboration de dispositifs pédagogiques innovants (projets Practicies et NewsCraft2), et sur la « Fabrique des Communs Pédagogiques ». Cette thématique trouve également écho dans d’autres travaux portant sur la presse jeune et les pratiques informationnelles des jeunes.

 

Cadrage épistémologique et méthodologique

Les projets relatifs à l’EMI s’inscrivent dans différents formats de recherche-action : ils ont été développés en réponse à des appels à projets ou dans le cadre de partenariats et collectifs de travail engagés depuis plusieurs années. Ils s’inscrivent dans une double visée de production de connaissances scientifiques et d’appui aux pratiques professionnelles, cela dans un contexte de forte demande sociale. Sur le plan méthodologique, ces projets en appellent à la triangulation, processus hybrides associant enquêtes ethnographiques, entretiens, analyse de corpus documentaires, etc. L’implication de professionnels de l’éducation et du travail social, exerçant diversement au sein de l’Éducation Nationale ou en structures socio-éducatives de service public (maisons de quartiers, foyers éducatifs, etc.), comme aussi à la protection judiciaire de la jeunesse ou dans des structures associatives et/ou d’éducation populaire, a été le point commun de l’ensemble de ces recherches. À travers ces projets, les équipes du laboratoire Gériico se sont fortement engagées dans des actions de valorisation des travaux de recherche menés et dissémination des productions, y compris en les intégrant dans des dispositifs de formation spécifiques. L’animation d’une association locale dédiée à l’éducation aux médias et à l’information (Edumédia), l’implication dans le réseau régional des acteurs de l’éducation aux médias et à l’information (EMiCycle), un partenariat établi avec le CLEMI- académie de Lille, la co-écriture d’un ouvrage de vulgarisation (Petit manuel critique d’éducation aux médias et à l’information, éditions du Commun, 2021) participent de cette démarche. Au demeurant, les recherches développées autour de la thématique de l’EMI ouvrent sur des échanges scientifiques avec d’autres thématiques travaillées au sein du laboratoire Gériico, à l’instar d’autres « éducations à » (éducation à la sexualité, à l’alimentation, etc.) et à l’analyse des dispositifs dont participe l’EMI et des discours qui la nourrissent ou la prolongent.