Matérialiser l'Utopie

GERiiCO Séminaire des doctorants
EN VISIO CONFÉRENCE

Titre : Matérialiser l'Utopie

Intervenant :

  • Eric Dacheux est professeur en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Blaise-Pascal (Clermont Fd)
  • Lydie Lenne est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Catholique de Lille et chercheure associée au laboratoire GERiiCO.

Résumé : 

Eric Dacheux :

Dans une approche littéraire, l’accès à l'utopie n'est possible que par un médium aux caractéristiques matérielles bien connues : le livre. Cependant, dans l'approche politique que je défends, la matérialisation d'une société idéale ne va pas de soi. Pour certains chercheurs (généralement, mais pas toujours marqués à droite), la matérialisation de l'utopie s'appelle le totalitarisme. Pour d'autres, moins nombreux et très marqués à gauche, l'utopie est un horizon régulateur qui ne doit jamais se matérialiser sous peine de perdre son identité. Je ne partage aucun de ces deux points de vue. Avec l'aide de P. Ricoeur et M. Gauchet, et en m' appuyant sur l'exemple de l'économie sociale et solidaire, je vais expliquez pourquoi.

Lydie Lenne :

Partant d’un projet d’innovation urbaine à l’initiative d’une université privée, il s’agit de questionner la manière dont celui-ci matérialise une utopie et ce qui se joue entre les deux espaces produits : le projeté et le vécu. L’objectif qui sous-tend la réalisation de ce quartier est de créer un espace urbain constitué de mixité, de solidarité et d’inclusion des personnes handicapés ou vieillissantes. Ce nouveau quartier est également l’occasion de proposer une réflexion sur la manière dont l’utopie participe d’un processus de construction d’une réalité sociale et organisationnelle et la manière dont elle légitime une nouvelle forme de gouvernement des individus. 

Contacts Patrice de la Broise & Susan Kovacs

 

Pour plus de détails, cliquez-ici

 

Résumé du cycle de séminaire

Ce séminaire a pour objectif de questionner les « régimes de matérialité » à l’oeuvre dans nos communications modernes. Quels regards portons-nous sur les dispositifs info-communicationnels en tant qu'artefacts qui réifient autant nos échanges qu’ils servent l’idéal (ou l’idéologie) d’une dématérialisation ? Il ne s’agit pas tant de savoir à quoi servent les objets que de comprendre comment ils jouent un rôle actif dans les processus sociaux (Hoskins, 2006). Tandis que des dispositifs de « gouvernementalité », à l’exemple des « architextes » (Jeanneret & Souchier), performent l’activité dans des champs et contextes multiples de pratiques et de décisions professionnelles (cf. axe 1), de nouveaux objets servent également la médiation et la médiatisation (cf. axe 2), l’organisation et la circulation des connaissances (cf. axe 4). Ainsi les pratiques d’écriture, y compris scientifiques, donnent-elles lieu à de multiples médiations techniques qui en affectent les formes. Le fantasme d’une écriture « sans trace et sans mémoire » est démenti par une rematérialisation (Chartier, 2008), voire une « matérialité au carré » (Jeanneret, 2007) renvoyant à des enjeux de pouvoir que quelques acteurs se disputent.

L’analyse des dispositifs numériques dans les processus de communication accorde une place importante à leur matérialité technique et sémiotique, mais aussi institutionnelle et socio-économique. Alors que le numérique donne l’illusion d’une disparition du support au profit d’une visibilité accrue des contenus, l’approche par la matérialité réhabilite, d’une part, l’analyse des circulations sociales comme processus de transformation des informations (et non de leur seul transport ou mise en forme). Elle consiste, d’autre part, à saisir un processus de signification d’usages (cf. axe 3) qui ne passe pas par de simples mots mais par la prise en compte de ce que les personnes font de l’outil et en interprètent à partir de leurs pratiques et de leurs contextes d’activités.

Conformément au projet scientifique du Gériico, et en guise de prologue (et épilogue) au colloque co-organisé en mars 2020 avec le laboratoire PREFICS (Rennes 2), nous souhaitons ouvrir un débat sur le statut épistémologique et pratique des objets, machines et autres matérialités (ou matérialisations) informationnelles et communicationnelles. Quels que soient leurs dimensions et leurs usages, nous suggérons que les artefacts constituent des dispositifs de cristallisation des mémoires de multiples logiques d’actions individuelles et collectives : ils permettent d’agir, avec des chances raisonnables de succès, dans un monde et des contextes qui doivent en permanence faire l’objet de mises en sens. Il s’agit centralement d’interroger la matérialité du social dans ses liens avec l’activité humaine. Nous nous intéresserons en particulier à la nature des matérialités en présence (objets, outils, artefacts, machines…) comme agencements venant à la fois contraindre et habiliter les actions collectives. La démarche engagée s’inscrit en rupture avec des approches tendant à réifier le monde matériel et technique et par là-même à le séparer du monde social, tout comme avec celles se réclamant d’une hypothétique « dématérialisation ».

Lien Zoomhttps://univ-lille-fr.zoom.us/j/97674307928?pwd=Z1N3bXExMlgrUDdkV2RJU2VMTjVHUT09 


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