La main et les matériaux virtuels

GERiiCO Séminaire des doctorants
À l'université de Lille, campus de Pont de bois

Titre : La main et les matériaux virtuels 

Intervenant(s) : Christophe CELLIER (ESAAT, GERiiCO) et Hugues Jacquet, sociologue et historien des savoirs-faire. 

Résumé

Hugues Jacquet, sociologue et historien des savoir-faire. Diplômé en sciences politiques, en histoire de l'art et en sociologie des organisations, Hugues Jacquet est spécialisé dans les savoir-faire matériels, leur évolution dans l'histoire et l'actualité de leurs apports esthétiques et socio-économiques. Il est l'auteur de l'Intelligence de la main (L'Harmattan, 2012) et de nombreux articles et contributions sur le sujet (La Documentation Française, édition du Musée des Arts décoratifs,…). Dans la collection "Savoir & Faire" (Actes Sud - Fondation d'entreprise Hermès), il a dirigé Le bois (2015), La terre (2016), Le métal (2018), Les textiles (2020), à venir Le verre (octobre 2022). En 2019, il a dirigé un ouvrage sur les savoir-faire à Versailles "Versailles - Matériaux et savoir-faire" (450 p., Actes Sud - Château de Versailles, octobre 2019). 

Christophe Cellier, Créateur, enseignant en arts appliqués à l'ESAAT et doctorant au GERiiCO, interroge la place de l’auteur dans la conception et la production de pièces d’artisanat numérique. Sa recherche, initiée à l’Ecole Supérieure d’Arts Appliqués et Textile de Roubaix (ESAAT), vise à observer comment les compétences des utilisateurs d’un fablab se manifestent. À l’heure du design génératif, il s’agit pour nous d’iden-tifier précisément le domaine d’intervention de l’auteur et la façon dont il apporte une plus-value dans une dé-marche de projet fortement numérisée. 

Les étudiants de l'ENSAIT et de l'ESAAT assisteront à ce séminaire qui se tiendra en ligne sur la plateforme Zoom.

En voici le lien : https://univ-lille-fr.zoom.us/j/94768169171

ID de réunion : 947 6816 9171

Contact : Patrice de la Broise et Susan Kovacs

Résumé du cycle de séminaire :

Ce séminaire a pour objectif de questionner les « régimes de matérialité » à l’oeuvre dans nos communications modernes. Quels regards portons-nous sur les dispositifs info-communicationnels en tant qu'artefacts qui réifient autant nos échanges qu’ils servent l’idéal (ou l’idéologie) d’une dématérialisation ? Il ne s’agit pas tant de savoir à quoi servent les objets que de comprendre comment ils jouent un rôle actif dans les processus sociaux (Hoskins, 2006). Tandis que des dispositifs de « gouvernementalité », à l’exemple des « architextes » (Jeanneret & Souchier), performent l’activité dans des champs et contextes multiples de pratiques et de décisions professionnelles (cf. axe 1), de nouveaux objets servent également la médiation et la médiatisation (cf. axe 2), l’organisation et la circulation des connaissances (cf. axe 4). Ainsi les pratiques d’écriture, y compris scientifiques, donnent-elles lieu à de multiples médiations techniques qui en affectent les formes. Le fantasme d’une écriture « sans trace et sans mémoire » est démenti par une rematérialisation (Chartier, 2008), voire une « matérialité au carré » (Jeanneret, 2007) renvoyant à des enjeux de pouvoir que quelques acteurs se disputent.

L’analyse des dispositifs numériques dans les processus de communication accorde une place importante à leur matérialité technique et sémiotique, mais aussi institutionnelle et socio-économique. Alors que le numérique donne l’illusion d’une disparition du support au profit d’une visibilité accrue des contenus, l’approche par la matérialité réhabilite, d’une part, l’analyse des circulations sociales comme processus de transformation des informations (et non de leur seul transport ou mise en forme). Elle consiste, d’autre part, à saisir un processus de signification d’usages (cf. axe 3) qui ne passe pas par de simples mots mais par la prise en compte de ce que les personnes font de l’outil et en interprètent à partir de leurs pratiques et de leurs contextes d’activités.

Conformément au projet scientifique du GERiiCO, et en guise de prologue (et épilogue) au colloque co-organisé en mars 2020 avec le laboratoire PREFICS (Rennes 2), nous souhaitons ouvrir un débat sur le statut épistémologique et pratique des objets, machines et autres matérialités (ou matérialisations) informationnelles et communicationnelles. Quels que soient leurs dimensions et leurs usages, nous suggérons que les artefacts constituent des dispositifs de cristallisation des mémoires de multiples logiques d’actions individuelles et collectives : ils permettent d’agir, avec des chances raisonnables de succès, dans un monde et des contextes qui doivent en permanence faire l’objet de mises en sens. Il s’agit centralement d’interroger la matérialité du social dans ses liens avec l’activité humaine. Nous nous intéresserons en particulier à la nature des matérialités en présence (objets, outils, artefacts, machines…) comme agencements venant à la fois contraindre et habiliter les actions collectives. La démarche engagée s’inscrit en rupture avec des approches tendant à réifier le monde matériel et technique et par là-même à le séparer du monde social, tout comme avec celles se réclamant d’une hypothétique « dématérialisation ».


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