Portrait de Sacha Lebrun
Doctorants
Petite, je voulais être écrivaine. Plus tard, à l’adolescence, j’ai souhaité devenir généticienne, puis journaliste. Finalement, après le baccalauréat, en 2017, je me suis inscrite en première année de psychologie à l’Université de Lille. Non pas par vocation pour la psychologie clinique, mais pour chercher des réponses à mes propres questions. J’avais vaguement entendu parler du métier de chercheur, mais à l’époque, cette idée restait floue.
Les années se sont succédé. Après l’obtention de ma maîtrise en psychologie du comportement et apprentissages — lors de la fameuse année de la COVID-19, qui je le pense a bouleversé un grand nombre de trajectoires — j’ai pris le temps de redéfinir mon projet professionnel. Cela m’a conduite à me tourner vers la sociologie-ethnologie afin de me former aux pratiques de terrain, ce qui n’était pas sans faire écho à mon ancien désir d’études journalistiques. Par la suite, j’ai intégré un master de sciences et cultures du visuel, toujours à l’Université de Lille. Un choix aussi pragmatique qu’enthousiasmant : ce master m’offrait une grande liberté dans la réalisation de mon mémoire de recherche et me permettait de mobiliser les compétences que j’avais acquises durant mes anciens cursus.
Pluridisciplinaire de nature et passionnée par la recherche, j’ai souhaité poursuivre, tout simplement parce que je ne pouvais pas m’imaginer faire autre chose. J’ai donc candidaté à un contrat doctoral, en prenant le risque de changer radicalement de sujet. De l’étude du disque vinyle et de ses significations, je suis passée à une exploration des deepfakes de célébrités et de leur circulation sur internet, sous la direction de Laure Bolka-Tabary. Ce sujet s’est imposé comme une évidence : confrontée quotidiennement à ces contenus, ils ne cessaient de faire émerger en moi une série de questionnement portant tout autant sur la nature et le statut des images, le(s) régime(s) de vérité, que sur l’appropriation de la figure d’autrui. Mon objectif est de dépasser les discours souvent polarisés autour de l’IA – alarmistes et/ou exaltés – pour proposer une analyse critique et nuancée des usages et des implications concrètes de ces outils dans nos sociétés.
Si je devais résumer ce début de doctorat en un mot, ce serait « doute ». A la fois parce qu’il est aisé de douter de soi dans un milieu rempli d’experts et de spécialistes, mais aussi parce qu’au début, on tâtonne, on expérimente, sans jamais savoir où l’on ira exactement avec notre sujet de recherche. Mais ce doute, paradoxalement, est précieux. Il oblige à se remettre en question, à redéfinir ses repères, et à façonner peu à peu une posture professionnelle solide. Au fond, ce doute, c’est la marque d’un processus en mouvement. Et si le chemin reste encore flou, il a déjà le mérite d’exister.